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Quelle aide les exosquelettespeuvent-ils apporter ?

Quand la science-fiction s’invite dans le paysage… Avantages, limites et contraintes de ces équipements, présentés lors d’une conférence à Paysalia, en 2019 près de Lyon.

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Les travaux d’entretien des espaces verts (élagage des arbres, taille des haies...) soumettent les épaules à rude épreuve. La position haute des bras, à laquelle s’ajoute le port d’un outil lourd, fait rapidement perdre en productivité et favo­rise l’apparition de troubles mus­cu­losquelet­tiques (TMS). Cherchant à sensibiliser les employeurs, le syndicat Unep-entreprises du paysage a souhaité étudier comment les exo­squelettes pourraient améliorer les conditions de travail de nombreux salariés, mais aussi pour en identifier les limites et les contraintes.

Les exosquelettes doublent le squelette humain et lui confèrent des capacités physiques qu’il n’a pas, ou n’a plus. Tout cela sans source d’énergie extérieure, c’est uniquement la structure mécanique qui entre en jeu. Les premiers prototypes datent des années 60. Ils sont longtemps restés confinés dans le milieu médical ou dans l’ar­mée. En es­paces verts, leur arrivée est récente. L’inté­rêt est double : soulager les efforts physiques – en prévention des TMS ou des troubles dorsaux, principalement – et permettre à des personnes présentant déjà ces troubles de continuer à travailler.

Soulager, mais pas utiliser à outrance

L’Unep, par l’intermédiaire de deux commissions (Qualité-sécurité-environnement, qui est présidée par Christophe Tamin, et Innovation, présidée par Marc Mouterde), s’est rapproché de deux entreprises spécialisées : Exhauss, concepteur et fabricant des exosquelettes du même nom, et Gobio, qui distribue les modèles Skelex.

Le but : tester, sur le terrain, l’intérêt de ces structures d’assistance de bras en hauteur pour la taille des haies. Quatre entreprises de paysage de la région Auvergne-Rhône-Alpes ont participé et apporté leurs témoignages durant le Salon Paysalia, près de Lyon (69), du 3 au 5 décembre : Terideal, ID Verde, Marc Mouterde et Gonthier Espaces verts. L’Unep souligne : « Il ne s’agit encore que des premières impressions et ressentis temporaires. Reste à étudier les éventuels effets négatifs, notamment­ à long terme. Les exosquelettes pourraient entraîner des tensions physiques supplémentaires, voire engendrer de nouveaux problèmes. » Les expérimentations sont donc à poursuivre avec un protocole médical, en lien avec la Mutualité sociale agricole (MSA), afin de définir les bonnes pra­tiques, vérifier les bienfaits pressentis, explorer d’autres utilisations (notamment pour le port de charges) et rechercher des dispositifs encore plus performants .

La taille de haies reste un travail pénible quels que soient les matériels utilisés. Toutes les innovations, depuis plus de trente ans, censées sou­lager les utilisateurs, ont trouvé leurs limites .

L’aspect de la sécurité au travail doit rester l’intérêt prioritaire­ des exosquelettes. Ils ne devraient pas être utilisés en vue d’augmenter les rendements, même si, à court terme, la diminution des efforts physiques et la plus grande amplitude de travail accroissent la productivité. L’aide apportée ne doit pas non plus justifier l’utilisation des taille-haies là où ils n’ont pas leur place (comme la taille des arbustes), car s’ils peuvent soulager, leur usage n’est pas sans risque*, comme l’illustre­ l’Institut national de recherche et de sécurité­ (INRS) pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles .

Claude Thiery

*cf. http://www.inrs.fr/risques/exosquelettes.html et infographie en PDF « Exosquelettes : 6 points de vigilance ».

Plus d’infos via la vidéo « Coup de cœur des étudiants à Paysalia­ 2019 » sur www.lienhorticole.fr

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